Qu’est-ce que la dépression?
Les personnes qui traversent des épisodes prolongés de tristesse et d’abattement souffrent peut-être d’un trouble dépressif, communément appelé dépression. Sur le plan clinique, la dépression est considérée comme un trouble de l’humeur, c’est-à-dire une maladie mentale qui altère considérablement l’état psychique ou l’humeur. Un épisode dépressif réel dure au moins deux semaines, ce qui affecte forcément le mode de vie de la personne qui en souffre. Souvent, la personne déprimée a un sommeil irrégulier (elle dort trop ou trop peu), de mauvaises habitudes alimentaires (elle mange trop ou pas assez), n’a plus d’énergie ni de concentration, manque de motivation et a une mauvaise image de soi. Les troubles dépressifs se manifestent à tout âge ou presque, mais plus généralement entre 15 et 30 ans. Les causes varient d’une personne à l’autre. Pour traiter les patients, les professionnels de la santé tiennent compte de tout, depuis l’histoire familiale jusqu’aux antécédents médicaux en passant par les traumatismes et la personnalité.
La dépression est-elle fréquente chez les élèves du secondaire?
Il peut être difficile de diagnostiquer un trouble dépressif chez les élèves du secondaire, étant donné le tourbillon d’émotions qui accompagne l’adolescence. Certains professionnels de la santé mentale croient que chez les jeunes, un monde intérieur tumultueux peut masquer une dépression.
Statistiquement, la dépression à l’adolescence est un problème substantiel, qui ne cesse de progresser. Selon une étude menée par la Johns Hopkins University avant la pandémie, près de 9 % des adolescents sondés avaient vécu au moins un épisode dépressif en douze mois. En Ontario, un outil de dépistage du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH, de son nom anglais) utilisé sur une base volontaire par 10 000 personnes a montré qu’avant la pandémie, 34 % des jeunes éprouvaient diverses difficultés de santé mentale, y compris la dépression. Ce chiffre est d’ailleurs corroboré par un pic soudain, soit 45 % de plus, des consultations de jeunes en crise aux urgences.
Puis est venue la pandémie. Selon les résultats d’une étude menée par SickKids, à Toronto, publiés pendant la crise sanitaire, plus de 50 % des 800 enfants, environ, et plus de 80 % des 500 adolescents participants présentaient des symptômes marqués de dépression. Les chiffres, éloquents, brossent un portrait troublant de la progression de la dépression chez les jeunes.
En termes simples, la réponse à la question en tête de cette section est donc OUI. Et l’on peut, de manière plutôt modérée, estimer à 10 % le nombre de ceux qui souffrent de ce que les professionnels appellent un trouble dépressif.
Signes avant-coureurs
Selon l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM), parents, enseignants et intervenants scolaires doivent surveiller l’apparition des signes suivants :
- Émotions changeantes : longs épisodes de tristesse, de colère ou de chagrin, ou sentiment de culpabilité, peur ou inquiétude excessifs.
- Changements physiques : maux de tête et autres douleurs, ingestion excessive ou insuffisante de nourriture, augmentation ou diminution pondérale, sommeil excessif ou insomnie.
- Changements de mode de pensée : image de soi négative se manifestant dans l’expression de l’estime de soi, de l’image de soi ou de sa valeur personnelle; difficultés de concentration, idées suicidaires.
- Changements de comportement : retrait des activités sociales et familiales, perte d’intérêt envers les activités préférées (sport, cinéma, etc.), réactions excessives sous forme de crises de larmes ou de colère.
Il faut toutefois se garder de diagnostiquer une dépression à partir de cette liste : ce n’est pas le rôle des intervenants scolaires, qui savent, du reste, que beaucoup de ces manifestations sont typiques de l’adolescence. Cette description a plutôt pour but de faciliter l’amorce d’une conversation avec l’élève, ses parents et l’équipe scolaire si l’état de l’adolescent suscite des inquiétudes. Les professionnels de la santé mentale sont les mieux placés pour déterminer si l’élève souffre d’un trouble dépressif.
Suivi
La bonne nouvelle, c’est que la dépression se traite par le dialogue, la médication ou une combinaison des deux. Il importe de donner suite aux signes avant-coureurs : la consultation et le diagnostic aideront l’élève à récupérer, avec l’aide d’un thérapeute et de ses proches, notamment la famille.
Les prestataires de soins, dont les intervenants scolaires, peuvent encourager les élèves qui souffrent de dépression à adopter tous les « remèdes » favorables à une bonne santé mentale : régime alimentaire sain, exercice et bonnes habitudes de sommeil. Malheureusement, en plein épisode dépressif, les jeunes se sentent impuissants devant l’activité la plus simple, qu’il s’agisse de faire une marche ou de manger un bon repas. Les encouragements et l’attitude constructive sont les outils indispensables des prestataires de soins. Une personne qui souffre de dépression a besoin du soutien de toute une équipe pour sortir de ce difficile état mental. C’est à elle que revient le travail le plus ardu, mais les soins d’un groupe de personnes attentives feront toute la différence dans ce cheminement vers la guérison.
By: Sean Dolan