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La pandémie apporte des innovations à l’apprentissage intégré au travail

L’apprentissage intégré au travail (AIT) a toujours été une composante essentielle de l’approche préconisée par les collèges et les instituts pour l’enseignement postsecondaire. Mais comme cela a été le cas de bien des activités à l’échelle mondiale, il a été largement suspendu quand les mesures prises pour limiter la propagation du COVID-19 sont entrées en vigueur. 

L’apprentissage intégré au travail (AIT) a toujours été une composante essentielle de l’approche préconisée par les collèges et les instituts pour l’enseignement postsecondaire. Mais comme cela a été le cas de bien des activités à l’échelle mondiale, il a été largement suspendu quand les mesures prises pour limiter la propagation du COVID-19 sont entrées en vigueur.

De fait, lors d’une enquête de Statistique Canada réalisée en 2020 pour mesurer l’impact de la pandémie sur les études postsecondaire, environ un tiers des participants ont indiqué qu’elle avait entraîné l’annulation ou le report de leur stage, de leur programme d’enseignement coopératif ou de leur placement professionnel.

Mais comme c’est souvent le cas quand il faut s’adapter à des situations difficiles, la pandémie a aussi forcé les collèges et les instituts à innover et à trouver de nouvelles façons de dispenser l’AIT. Les simulations et l’apprentissage en ligne sont apparus comme des voies prometteuses pour l’avenir à cet égard dans de nombreux domaines, qu’il s’agisse de l’apprentissage de métiers ou de celui de professions du secteur de la santé.

Pour les étudiants et étudiantes de ce secteur, c’était déjà un défi, avant la pandémie, d’obtenir un lieu de stage clinique. Du fait des restrictions en matière de santé publique et de l’aggravation des pénuries déjà importantes de main-d’œuvre, la découverte de nouveaux moyens de les préparer au monde du travail est devenue une priorité urgente pour de nombreux établissements d’enseignement postsecondaire et organisations.  

Pour notre association, la création de plus de solutions de rechange est aussi devenue une préoccupation majeure. C’est ce qui a conduit CICan à lancer, en août dernier, l’initiative Virtu-AIT. Cette initiative pancanadienne permettra aux étudiants et étudiantes en soins infirmiers, en sciences de laboratoire médical et en paramédecine d’accéder à de nouvelles possibilités innovantes d’AIT. Elle pourra être réalisée grâce au soutien financier du gouvernement du Canada, par le biais de l’Initiative fédérale d’apprentissage innovant intégré au travail.

Pour ce projet, nous travaillons actuellement avec Simulation Canada ainsi que des collèges, des instituts et des universités de tout le pays à la mise en place de partenariats de collaboration durables. Ensemble, nous préparons 130 simulations virtuelles dans les deux langues officielles.

Pendant une simulation, les étudiants et étudiantes sont exposés à des situations concrètes et doivent prendre des décisions quant à la façon de réagir. Après chaque simulation, ils participent à une séance de débreffage animée par un professionnel du secteur. Ils découvrent en quoi la simulation se rapproche d’une situation réelle, reçoivent des commentaires sur les décisions qu’ils ont prises et ont l’occasion de poser des questions. C’est pour eux un moyen efficace de tester leurs connaissances, de faire l’expérience de situations cliniques dans un milieu sûr et d’acquérir un large éventail de compétences.

Les simulations Virtu-AIT seront rendues le plus accessibles possible, l’objectif étant de permettre à 4000 étudiants et étudiantes d’y accéder de septembre 2021 à mars 1022. À la fin de l’essai pilote, ces simulations ainsi que la documentation et les ressources connexes seront mises gratuitement à la disposition des étudiants et étudiantes afin qu’ils soient encore plus nombreux à en bénéficier.

Le programme aidera à étendre les ressources éducatives en matière de santé et à créer de nouvelles possibilités et plates-formes innovantes d’AIT. Il contribuera grandement à aider nos futurs professionnels du secteur de la santé à acquérir, avant leur entrée dans le monde du travail, des compétences pratiques prêtes à utiliser dans leur futur emploi. Il aidera par ailleurs les éducateurs, les employeurs et les fournisseurs de technologies à découvrir de nouvelles façons de collaborer et d’exploiter ce que peut offrir la simulation virtuelle.

Bien que l’apprentissage en ligne ne soit pas toujours idéal quand il s’agit d’apprendre un métier, il n’en demeure pas moins possible dans une certaine mesure, comme nous l’a montré la pandémie. Cette constatation ouvre des possibilités intéressantes pour la conception de parcours de formation offrant plus de souplesse aux apprenants et apprenantes. La pandémie a aussi donné l’impulsion supplémentaire requise pour perfectionner certaines technologies très prometteuses.

À titre d’exemples, mentionnons le programme de mécanicien de véhicules automobiles du BCIT, dans lequel les étudiants et étudiantes utilisent la réalité mixte pour visualiser des hologrammes en 3D de pièces automobiles numérisées superposées à des décors réels, les manipuler, les démonter et les remonter. Le BCIT se sert aussi de la réalité virtuelle dans le cours d’introduction aux compétences ferroviaires, donné à un petit groupe d’étudiants et étudiantes autochtones de la région de Prince George. 

Au Durham College, le studio de capture de la réalité mixte permet à ses organisations partenaires d’avoir accès à des connaissances et des compétences spécialisées, aux talents des étudiants et étudiantes et à une scène de capture du mouvement à la fine pointe de la technologie pour concevoir des simulations immersives et interactives aussi bien pour la formation du personnel que l’optimisation du rendement. Enfin, au Red Deer College, dans le cadre du programme « Virtual Reality and Cooperative Trades », on s’est appuyé sur la collaboration avec la Première Nation de Montana pour repenser le modèle d’apprentissage traditionnel à partir de la réalité virtuelle et ainsi former les apprentis avant qu’ils ne commencent un emploi.  En exploitant ces diverses possibilités, en continuant à travailler en partenariat étroit avec les employeurs et en investissant dans de nouvelles technologies qui redéfinissent le concept d’apprentissage pratique, les collèges et les instituts montrent que l’AIT a encore un bel avenir, en dépit de la pandémie. Après tout, cet apprentissage reste l’un des meilleurs moyens pour les étudiants et étudiantes de mettre leurs compétences en pratique et d’acquérir l’expérience professionnelle inestimable que recherchent les employeurs.


Par : Denise Amyot, présidente-directrice générale de Collèges et instituts Canada