Au cours des deux années marquées par la pandémie de COVID-19, une nouvelle crise prévisible de longue date est survenue et a suscité des défis additionnels à une situation déjà complexe. Peu de secteurs ont été aussi gravement affectés par des pénuries de main-d’œuvre que les secteurs en jeu dans l’économie des soins, notamment pour le personnel de santé, les employés des services d’aide à la personne et ceux des services à l’enfance.
Tous ceux et celles qui se lancent dans ces professions sont très importants pour notre bien-être personnel, celui de nos familles et de nos collectivités. Ils le sont d’autant plus que nous continuons d’être aux prises avec des urgences sanitaires sans précédent et que notre population vieillit. S’il est vrai que le travail peut être difficile, les débouchés peuvent aussi être très gratifiants pour les étudiants qui cherchent à se lancer dans une carrière épanouissante, ont à cœur le bien-être d’autrui et souhaitent avoir un impact positif dans leur collectivité.
Plus que jamais, il est important que les formations offertes pour répondre à la demande dans ces secteurs soient d’un niveau de qualité élevé. Fort heureusement, les collèges et les instituts canadiens disposent de solutions à cet effet. Grâce au réseau d’établissements postsecondaires le plus grand au pays qu’ils constituent – plus de 95 % de la population canadienne et plus de 86 % de la population autochtone vivent à moins de 50 km d’un collège ou d’un institut – ils forment l’ossature de l’économie des soins au Canada.
Dans l’ensemble du pays, les collèges et les instituts offrent plus de 1900 programmes liés à la santé ou aux sciences biologiques, et octroient 80 % des titres de compétences postsecondaires du domaine de la santé et des domaines connexes. Ils forment et préparent ainsi les apprenants à un éventail de professions, y compris aux professions paramédicales en soins primaires, à celles de conseiller en toxicomanie et santé mentale, d’infirmier et d’hygiéniste dentaire. Les formations qu’ils offrent sont d’un niveau de qualité élevé, innovantes et accessibles, et elles évoluent constamment pour répondre aux besoins du marché du travail.
Lorsque la pénurie de personnel s’est intensifiée dans le secteur des soins de longue durée du fait de la pandémie, les collèges et les instituts se sont mobilisés et ont travaillé avec le gouvernement fédéral et les parties prenantes afin de créer un programme gratuit de micro-certification pour assistants-préposés en soutien aux soins. Celui-ci facilite l’accès à un emploi dans le secteur en offrant aux intéressés une formation en ligne, un stage rémunéré et la possibilité d’obtenir une allocation de 5000 $ pour poursuivre ses études.
En plus de leur donner la possibilité d’acquérir des compétences recherchées sur le marché du travail et de découvrir de nouvelles professions, le programme aide à répondre aux besoins des collectivités et des employeurs. Prenons l’exemple du Parkland College : il a récemment permis à 11 membres de la Première Nation Pasqua à Fort Qu’Appelle, en Saskatchewan, de devenir assistants-préposés en soutien aux soins. Ils ont suivi leur formation en ligne puis effectué un stage dans un foyer de soins, durant lequel ils ont apporté aux résidents et au personnel un soutien des plus nécessaire. Sur ces 11 nouveaux assistants-préposés, 10 d’entre eux étudient à présent pour devenir auxiliaires en soins continus. Ils joueront un rôle d’autant plus important dans leur collectivité que le foyer de soins de longue durée qui va s’y ouvrir prochainement aura besoin d’une main-d’œuvre qualifiée.
Ces deux dernières années de pandémie, l’éducation et la formation ont, elles aussi, connu des changements majeurs et nécessité une nouvelle approche novatrice. Comme les stages cliniques en personne ont soudain dû être interrompus, le système collégial a alors lancé l’initiative Virtu-WIL, qui fait appel aux simulations virtuelles pour améliorer l’enseignement des soins de santé.
Les collèges et les instituts ont réuni leurs efforts pour mettre au point plus de 130 simulations virtuelles en moins d’un an et ce, afin de s’assurer que les étudiants en soins infirmiers, en sciences de laboratoire médical et en paramédecine aient accès à une expérience pratique d’apprentissage en dépit des fermetures dues à la pandémie.
Ce ne sont là que quelques exemples qui illustrent la capacité de notre système collégial à s’adapter pour répondre aux besoins en évolution des apprenants, des employeurs et des collectivités. Dans le secteur de la garde d’enfants, là aussi la demande de personnel continue et va continuer d’augmenter : en effet, le gouvernement fédéral a maintenant conclu des accords avec chaque province et territoire dans le cadre du plan pancanadien d’apprentissage et de garde des jeunes enfants, qui vise notamment à ramener le prix des services de garde à 10 $ par jour. Emploi et développement social Canada prévoit qu’il faudra pourvoir entre 37 000 et 47 000 postes d’éducateurs de jeunes enfants pour réaliser ce plan d’expansion des services de garde à l’échelle du pays. Il va de soi que les collèges et les instituts joueront un rôle crucial pour répondre à ce besoin.
Les collèges et les instituts offrent des solutions souples, accessibles et innovantes pour aider un plus grand nombre d’intéressés à œuvrer dans l’économie des soins. Il ne s’agit pas seulement d’une excellente possibilité de carrière pour les apprenants; c’est aussi une façon d’apporter des changements importants et tangibles dans la vie d’une grande partie de la population, notamment celle des plus vulnérables, d’apporter un soutien à la population et aux familles canadiennes, et de rendre nos collectivités plus humaines et plus solidaires.
Par : Denise Amyot, présidente-directrice générale de Collèges et instituts Canada