Le défi
Partout au Canada, les diplômé·es d’études secondaires sont confronté·es à une situation difficile à leur entrée sur le marché du travail. Malgré un niveau de scolarité élevé, beaucoup de jeunes Canadien·nes ont du mal à trouver un emploi stable et bien rémunéré. Le taux de chômage des jeunes demeure le double de la moyenne nationale, et beaucoup de jeunes personnes sont bloquées dans un poste à temps partiel ou à court terme qui ne correspond pas à leur potentiel.
Pour les intervenant·es scolaires du secondaire, cette tendance fait ressortir une question pressante :
Comment mieux préparer les élèves à la transition de l’école au marché du travail?
De plus en plus, la réponse est axée sur un choix pratique et puissant : l’éducation collégiale.
Comprendre le problème de l’emploi chez les jeunes
Quand j’ai effectué mes recherches aux fins du présent article, Statistique Canada estimait le taux de chômage de la population canadienne âgée de 15 à 24 ans à près de 13 ou 14 %, comparativement à environ 7 % pour l’ensemble de la population. Beaucoup de jeunes qui ont un emploi travaillent dans un autre domaine que celui de leurs études ou occupent un emploi contractuel temporaire.
Pourquoi est-il si difficile pour les jeunes de trouver un emploi gratifiant?
L’évolution du marché du travail
L’automatisation, l’intelligence artificielle et les outils numériques ont refaçonné l’économie canadienne. Les emplois de premier échelon conventionnels – de la vente au détail au travail de bureau – disparaissent ou exigent des compétences techniques plus avancées qu’auparavant. À mesure que la technologie prend en charge les tâches routinières, les jeunes doivent se disputer un bassin réduit d’emplois convenant aux débutants.
« Les types d’emplois sur lesquels les jeunes comptaient pour commencer à prendre de l’expérience sont en voie de disparition. »
L’écart de compétences et d’expérience
Les employeurs recherchent des personnes capables de travailler à plein régime sans délai, des personnes qui possèdent à la fois des compétences techniques et de l’expérience de travail. Le manque d’exposition au marché du travail est une lacune pour beaucoup de jeunes chercheurs d’emploi. Sans apprentissage concret, ils et elles se trouvent dans l’impasse classique : sans expérience, pas d’emploi; sans emploi, pas d’expérience.
Les ralentissements économiques et le manque d’emplois de premier échelon
L’incertitude économique et le taux d’inflation élevé ont forcé les entreprises à sabrer la formation et les emplois étudiants. En 2025, le nombre d’affichages d’emplois étudiants avait diminué de 20 % comparativement à l’année précédente, selon CP24 et Indeed Canada. Les secteurs d’activité qui, traditionnellement, embauchent des jeunes – l’hôtellerie, le tourisme, la vente au détail – demeurent instables, ce qui limite la possibilité d’y exercer un premier emploi.
L’obstacle du coût de la vie
Les coûts du logement et du transport et la hausse des frais de scolarité empêchent bien des jeunes de déménager pour obtenir un emploi ou d’accepter des stages non rémunérés. Ces pressions financières ralentissent leur transition vers un emploi à temps plein.
Les inégalités d’accès
Les jeunes autochtones, racialisés, nouvellement arrivés ou handicapés se heurtent à des obstacles supplémentaires allant de l’accès limité aux réseaux professionnels jusqu’aux biais systémiques. Ces obstacles compromettent encore plus leurs chances de décrocher un premier emploi et font ressortir la nécessité d’offrir des appuis ciblés.
L’éducation collégiale offre une voie d’avenir
Face à ces obstacles, les collèges et instituts canadiens sont devenus des alliés essentiels de la population étudiante qui vise à obtenir rapidement un emploi gratifiant.
L’éducation collégiale comble l’écart entre l’apprentissage et la rémunération : elle prépare les étudiant·es en leur fournissant des compétences professionnelles, une expérience pratique et des prises de contact avec des employeurs.
Un apprentissage pratique axé sur la carrière
Les programmes collégiaux mettent l’accent sur l’apprentissage appliqué : ils enseignent à leurs étudiant·es à exécuter les tâches réelles de leur futur emploi. Que ce soit dans le domaine des soins infirmiers, des technologies de l’information, de la gestion de la construction, des médias numériques ou des affaires, les étudiant·es des collèges apprennent dans le cadre de laboratoires, de simulations et de projets concrets.
« Le collège n’est pas un deuxième choix; c’est le choix avisé pour une éducation préparatoire à l’emploi. »
Ces programmes sont conçus avec la participation directe de conseils consultatifs de l’industrie, ce qui assure aux diplômé·es de répondre aux besoins véritables du marché du travail.
Une véritable expérience de travail avant l’obtention du diplôme
La plupart des collèges proposent des occasions d’apprentissage intégré au travail :
- des stages d’enseignement coopératif;
- des stages sur le terrain;
- des parcours d’apprentissage dans des métiers spécialisés.
Cela signifie qu’au terme de leur parcours collégial, les étudiant·es possèdent non seulement un diplôme, mais aussi une expérience professionnelle. Une recherche menée par Collèges et instituts Canada (CICan) démontre que la grande majorité des diplômé·es des collèges trouvent un emploi dans les six mois suivants, grâce à ces partenariats avec l’industrie.
Des parcours abrégés et flexibles
Comme solution de rechange à un engagement de longue durée à l’université, les collèges offrent des programmes de certificat d’un an, des programmes menant à l’obtention d’un diplôme en deux ans et des diplômes spécialisés facilitant l’intégration rapide des étudiant·es à la population active.
Par exemple, un programme d’un an menant au certificat d’aide-soignant·e débouche immédiatement sur des postes en santé communautaire. Et un programme de deux ans en informatique des réseaux ouvre la porte à une carrière en TI ou en cybersécurité.
Les étudiant·es peuvent revenir par la suite obtenir des diplômes spécialisés ou achever un programme menant à un diplôme, mariant ainsi la rapidité et la flexibilité.
La microcertification et l’apprentissage continu
Bon nombre de collèges offrent maintenant des programmes de microcertification. Ces programmes de formation ciblés et de courte durée permettent de développer des compétences spécialisées dans des domaines tels que la gestion de projet, l’infonuagique ou les énergies renouvelables. Ces programmes aident les jeunes à s’adapter rapidement aux nouvelles technologies et à l’évolution de leur industrie, de sorte que leurs compétences demeurent pertinentes et compétitives.
Des contacts directs avec les employeurs
Les collèges entretiennent des relations robustes avec les employeurs de leur région. Des représentants de l’industrie siègent aux comités des programmes, participent aux foires de l’emploi et font du recrutement directement sur le campus. Ces contacts donnent aux étudiant·es un lien direct avec les perspectives d’emploi, avant même l’obtention de leur diplôme.
Le rôle des intervenant·es scolaires : guider les élèves vers les perspectives d’emploi
La position qu’occupent les intervenant·es scolaires du secondaire leur donne le pouvoir d’aider les élèves à comprendre les avantages des programmes collégiaux. Plusieurs considèrent encore l’université comme la « prochaine étape » par défaut, mais pour d’innombrables élèves canadiens, le collège constitue une voie plus directe et plus pratique vers la réussite.
Voici comment vous pouvez contribuer à établir des ponts :
- Parlez des perspectives du marché du travail
À l’aide des données du Guichet-Emplois du gouvernement du Canada, présentez aux élèves les secteurs professionnels en plein essor : les services de santé, les métiers spécialisés, les énergies renouvelables, la logistique, les TI. Si les élèves prennent conscience de la demande dans ces domaines, ils pourront faire des choix avec plus de confiance.
- Présentez des programmes d’apprentissage et d’enseignement coopératif
Expliquez la valeur des programmes qui combinent l’éducation à une expérience de travail rémunéré. Souvent, les élèves qui suivent un programme d’apprentissage professionnel ou d’enseignement coopératif effectuent directement la transition vers un poste à temps plein, où ils et elles disposent déjà de contacts et de compétences utiles.
- Orientez les élèves vers les programmes de soutien financier et professionnel
Beaucoup de jeunes évitent le collège pour une question de coûts. Pour les aider, vous pouvez les guider vers les solutions suivantes :
- les bourses et prêts d’études canadiens;
- les bourses d’études offertes par les administrations provinciales et les collèges;
- la Stratégie emploi et compétences jeunesse;
- le Programme de stages pratiques pour étudiants.
Ces appuis rendent les études collégiales à la fois accessibles et abordables.
- Insistez sur l’importance des compétences améliorant l’employabilité
Encouragez les élèves à développer leurs compétences générales – la communication, le travail d’équipe, l’adaptabilité et la gestion du temps – en faisant du bénévolat, en travaillant à temps partiel ou en assumant des fonctions de leadership. On sous-estime souvent l’importance des compétences générales, mais elles figurent constamment au sommet des priorités d’embauche des employeurs.
Des apprenant·es pour la vie
L’objectif des études collégiales ne se limite pas à l’obtention d’un premier emploi; il consiste aussi à former des apprenant·es pour la vie, possédant de bonnes capacités d’adaptation. Les diplômé·es pourront revenir au collège pour mettre leurs compétences à niveau, obtenir des microcertificats ou transférer leurs crédits vers l’obtention d’un diplôme universitaire. Ce modèle d’apprentissage cumulable leur assure de pouvoir progresser au même rythme que leur secteur d’activité.
« Les programmes collégiaux donnent aux jeunes davantage qu’un diplôme : ils leur donnent de la confiance en soi, des contacts et une orientation professionnelle. »
Un enjeu de premier plan
Au-delà de l’enjeu personnel, l’emploi des jeunes est aussi un enjeu national. Quand de jeunes Canadien·nes n’arrivent pas à trouver un emploi, les collectivités subissent une perte d’énergie, d’innovation et de leadership futur. Mais quand on les dote des compétences et de l’assurance nécessaires pour contribuer à la collectivité, tout le monde y gagne.
Les collèges ont le rôle vital de veiller à ce que la main-d’œuvre canadienne demeure concurrentielle, inclusive et tournée vers l’avenir. Pour les personnes qui conseillent et guident la nouvelle génération, la promotion des parcours collégiaux n’est pas qu’une recommandation académique; c’est aussi un acte d’habilitation.
L’économie actuelle expose la jeunesse du Canada à de véritables défis : la disparition des emplois de premier échelon, la hausse de coûts, la croissance des attentes en matière de compétences. Mais avec une orientation adéquate et un accès à l’éducation appliquée, ces défis peuvent devenir des perspectives.
À titre d’intervenant·e scolaire du secondaire, vous avez le pouvoir de démontrer aux élèves que l’éducation collégiale est une porte d’entrée vers l’autonomie, la stabilité et la réussite. En les aidant à choisir des programmes qui s’alignent avec leurs champs d’intérêt et avec le marché du travail, vous ne faites pas que les préparer à l’emploi; vous les aidez à construire un avenir rempli de possibilités.
Par : Lindsay Taylor




