Dans cette série en quatre parties, j’ai l’intention d’explorer une approche fondée sur les besoins pour offrir des soins aux élèves qui éprouvent des problèmes d’humeur ou de personnalité pendant qu’ils sont sur la liste d’attente.
Notre profession de conseiller scolaire nous encourage souvent à aller au-delà des attentes pour offrir un soutien professionnel et éthique à nos élèves. Dans cette série, nous nous sommes concentrés sur la recherche de moyens d’offrir un soutien psychologique efficace aux élèves confrontés à des troubles de la personnalité et de l’humeur, sans dépendre uniquement d’un diagnostic. Ce dernier volet examinera des stratégies pour soutenir les élèves confrontés à des défis liés à la personnalité et à l’humeur dans le contexte de l’orientation professionnelle. De plus, je présenterai les interventions que j’utilise dans mon travail de counseling de carrière auprès des élèves du secondaire confrontés à ces difficultés avant de conclure cet article et cette série.
Je ne suis pas un expert
Quand j’ai commencé à travailler dans le domaine du counseling scolaire, j’avais du mal à naviguer le côté orientation scolaire et professionnelle de notre travail. La plupart de mon expérience précédente était en santé mentale et en soins spirituels, donc l’orientation professionnelle n’était pas une tâche naturelle pour moi au début. Mais grâce à la supervision, aux consultations et à la formation continue, je suis plus à l’aise dans le développement de carrière du rôle de conseiller scolaire. Comme Redekopp & Huston, je constate maintenant que l’orientation et le développement de carrière ont un impact significatif sur la santé mentale des élèves, leur capacité à développer leur résilience et les compétences pour relever leurs défis – qu’ils soient diagnostiqués cliniquement ou non.1 Cela signifie que nos élèves confrontés à des défis liés à la personnalité et à l’humeur méritent aussi et ont besoin de nos interventions en orientation professionnelle pour soutenir leur rétablissement et leur réussite scolaire.
Commencer les discussions de carrière tôt
Une chose que j’ai remarquée en travaillant avec des élèves confrontés à des défis de personnalité et d’humeur, c’est la nécessité de commencer tôt les discussions sur le développement de carrière. Parfois, je priorise l’aide aux élèves face à des défis ou crises immédiats, en reportant les discussions liées à la carrière jusqu’à ce que la situation se stabilise. Cependant, j’ai observé que cette approche peut parfois limiter les occasions de conversations significatives sur le développement de carrière. Comme l’a souligné Vernon G. Zunker, avoir une vision holistique de la personne nous conduit à une compréhension intégrée du counseling, sans séparer notre travail en deux entités : counseling personnel et counseling de carrière.2 Depuis que j’ai lu Zunker, j’essaie d’intégrer tôt dans mon travail des questions et réflexions liées à la carrière avec mes élèves – surtout ceux qui font face à des problèmes de personnalité ou d’humeur. J’intègre régulièrement ces conversations liées à la carrière lorsque j’aide les élèves à réfléchir aux impacts à long terme de leurs défis, lorsqu’ils aident à élaborer un plan d’action, ou simplement après une pause dans la conversation. Mon but n’est pas d’exiger des décisions concrètes ni de mettre de la pression sur l’étudiant; c’est plutôt d’encourager une réflexion précoce sur le développement de carrière et d’explorer des façons d’intégrer cela dans son soutien individuel en counseling. En commençant ce processus tôt (par exemple un an ou deux avant leur dernière année de secondaire), cela permet aux élèves de faire des changements avec moins de stress et de pression pour décider ce qui peut réduire leur sentiment d’être dépassés. En d’autres mots, nous leur permettons de voir le développement de carrière non pas comme un obstacle de plus à franchir, mais plutôt comme une partie de leur découverte de soi, de leur rétablissement et de leur parcours vers le succès scolaire global.
Créer de l’espace
Je crois profondément au pouvoir d’offrir aux élèves un espace psychologique sécuritaire dans nos pratiques de counseling scolaire. Je crois que cet espace sécuritaire s’applique aussi au travail du counseling de carrière. Pour reprendre les mots de Virginia Satir, « Le contexte psychologique d’un adolescent doit pouvoir s’adapter aux sautes d’humeur, aux idées apparemment irrationnelles, aux comportements parfois bizarres, au nouveau vocabulaire et aux performances maladroites. Chacun ou tous ces éléments surgissent lorsque les adolescents jouent avec leur pouvoir, leur autonomie, leur dépendance et leur indépendance. »3 Pour moi, l’orientation professionnelle consiste à créer un espace où nos élèves peuvent prendre des décisions, changer d’avis ou faire des erreurs dans leurs candidatures et en tirer des leçons. Les élèves confrontés à des défis liés à l’humeur et à la personnalité ont aussi besoin de ce même espace, surtout si leurs décisions sont liées à des expériences telles que des émotions fortes, des contextes sociaux et culturels complexes, ou une trop plein de panser. Lorsque nous fournissons un effort conscient pour créer cet espace pour les étudiants dans nos bureaux de counseling, je crois que nous offrons un élément essentiel pour un soin efficace des étudiants et un développement de carrière.
Interventions
Dans les articles précédents de cette série, je partage quelques interventions générales et spécifiques pour soutenir les élèves confrontés à des défis liés à la personnalité et à l’humeur. En soutenant ces élèves lors des discussions et activités de développement de carrière, je trouve utile de présenter les trois interventions suivantes en plus de celles dont nous avons déjà parlé.
- Oui et Non : Une stratégie que j’utilise consiste à éduquer les élèves que le fait d’accepter un choix signifie souvent qu’ils refusent un autre – c’est ce que j’appelle l’intervention « oui et non ». En utilisant cette formation comme un seuil de réflexion sur leur carrière, les étudiants deviennent plus conscients à la fois de ce qu’ils choisissent et de ce qu’ils laissent derrière eux. Encadrer la conversation à l’aide de cette intervention permet également d’aborder efficacement les différents sentiments, pensées et craintes qui pourraient émerger au cours de l’échange.
- Soutien pratique : J’ai souvent été surprise de voir combien de mes élèves se figent lorsqu’ils sont confrontés à des tâches que la technologie ne peut pas accomplir pour eux – comme remplir des demandes d’admission ou rédiger des CV – même si nous avons tellement d’outils utiles à notre disposition. Dans mon rôle de conseiller en formation scolaire, je me concentre sur l’accompagnement des élèves à travers ces processus de candidature sans effectuer le travail à leur place. J’ai aussi appris à ne pas supposer que tous les élèves savent déjà comment relever ces défis. Comme le rappelle Norman Wright, « rappelez-vous que la compréhension, en soi, n’est pas suffisante. Les adolescents doivent agir pour les symptômes et la direction de leur vie. Vous pourriez devenir frustré de consulter des adolescents, car vous pourriez imposer des attentes adultes de changement à des personnes qui ne sont pas encore adultes. »4 Ainsi, le soutien pratique en tant qu’intervention aide non seulement mes élèves à gagner en confiance et en autonomie, mais aussi à les encourager à passer à l’action pour atteindre leurs objectifs.
- Le rêve : Je demande souvent aux élèves : « Quel est votre rêve de carrière? » ou « Où vous voyez-vous dans dix ans? » Des questions ouvertes comme celles-ci m’aident à me connecter avec des élèves qui ont des difficultés de personnalité ou d’humeur pendant le counseling de carrière. Entendre leurs rêves nous permet de fixer des objectifs collectivement, de décomposer le rêve en étapes gérables, d’appliquer une intervention « oui et non », et d’éviter que les élèves restent coincés dans là sur analyse ou se sentent dépassés.
Conclusion
Dans cette série en quatre parties, nous avons exploré comment répondre aux besoins des défis liés à la personnalité et à l’humeur de nos élèves. Nous avons examiné des théories pratiques et identifié des interventions pour améliorer nos stratégies de counseling scolaire pour ces élèves. En commençant tôt et en offrant aux élèves des occasions de progresser vers l’âge adulte – y compris la gestion des défis liés à la personnalité et à l’humeur – je crois que nous pouvons faire des progrès significatifs pour aider les élèves à traverser des défis professionnels et personnels à l’école. En fin de compte, j’espère que cet article et cette collection de réflexions nous encourageront à trouver des moyens créatifs d’aider les étudiants confrontés à des problèmes de personnalité et d’humeur – pas seulement lorsqu’ils sont sur liste d’attente – mais en répondant à leurs besoins individuels et en leur donnant toutes les chances de s’épanouir, tant sur le plan académique que personnel.
Références
1 Redekopp, Dave E, and Michael Huston. 2020. Strengthening Mental Health Through Effective Career Development; A Practitioner’s Guide. Toronto: CERIC Foundation House.
2 Satir, Virginia. 1988. The New Peoplemaking. Mountain View, California: Science and Behavior Books, Inc.
Wright, H. Norman. 2014. The Complete Guide to Chrisis & Trauma Counseling: What to do and Say When it Matters Most! Reprint. Bloomington, 3 3 Minnesota: Bethany House Publishers.
4 Zunker, Vernon G. 2016. Career Counseling: A Holistic Approach. 9th ed. Boston, MA: Cengage Learning.
THE AUTHOR:
Justin Bertrand est conseiller en formation scolaire au secondaire au Qu.bec, fort de plus de dix ans d’exp.rience en counseling dans divers milieux. Il d.tient une ma.trise en divinit. et poursuit actuellement une ma.trise en counseling et accompagnement spirituel au McMaster Divinity College.




