Quand mes parents immigrants nous ont envoyées à l’école, ma sœur et moi, dans les années 1980 et 1990, ils nous ont confiées entièrement aux bons soins de l’école et ont accepté ses politiques, parfois aveuglément. Par moments, ces politiques nous étaient bénéfiques, mais nos parents n’ont peut-être pas pris la décision la plus sage. Toutefois, je crois sincèrement que mes parents ont fait de leur mieux avec les connaissances dont ils disposaient à l’époque.
Faisons un bond dans le temps : aujourd’hui, beaucoup de parents (originaires du Canada ou d’ailleurs) sont scolarisés et ont vécu l’expérience d’un système scolaire, au pays ou à l’international. Certaines personnes ont eu des expériences positives; pour d’autres, celles-ci ont plutôt été négatives. Aujourd’hui, plus que jamais auparavant, les parents posent des questions, font des demandes et recherchent un parcours éducatif personnalisé qui réponde aux besoins et objectifs d’apprentissage uniques de leur enfant.
Alors, qu’est-ce qui vaut le mieux : des parents délégateurs, qui laissent l’école veiller aux besoins de l’élève, ou des parents microgestionnaires de l’expérience éducative de leur enfant?
Selon moi, ces deux voies présentent des avantages et des inconvénients. Il y a trois parties prenantes essentielles à l’éducation d’un enfant : l’école, l’élève et le parent. Dans les départements d’orientation scolaire de partout au pays, les intervenant·es collaborent étroitement avec les élèves, le personnel et les communautés de parents. Les intervenant·es scolaires communiquent sur plusieurs plateformes : X, Instagram, les infolettres, Google Classroom, les annonces matinales… Les présentations offertes aux élèves et diffusées à l’intention des parents couvrent des aspects aussi variés que les choix de cours, les métiers spécialisés et les parcours possibles au collège et à l’université. De nombreux départements d’orientation scolaire organisent des soirées d’activités, invitent des conférenciers et conférencières et animent des soirées d’information à l’intention des élèves et des parents, sur des sujets tels que les programmes postsecondaires, les initiatives en matière de santé mentale ou les exigences du ministère de l’Éducation.
Dans nos écoles, nous fournissons la planification, le personnel enseignant, les programmes d’études, les occasions associées aux programmes départementaux, les activités parascolaires, les présentations, les sorties scolaires et l’apprentissage expérientiel. Nous exigeons que l’élève interagisse avec le système éducatif et se prévale de ces possibilités, car nous voulons enrichir son expérience et l’aider à planifier son parcours. Le rôle du parent est d’être à l’écoute et au service des intérêts de son enfant, de comprendre ses capacités, de participer à la communauté scolaire et de poser des questions qui seront profitables pour son enfant.
Au cours de mes 25 années dans l’enseignement, j’ai observé que les élèves qui profitent le plus de l’école secondaire ont des parents ou des tuteurs qui les soutiennent et des enseignantes et enseignants attentifs qui les guident. On leur donne de l’information, des leçons, des occasions, ainsi que l’autonomie nécessaire pour prendre des décisions quant à leur avenir. Les élèves peuvent notamment choisir leurs cours à option, suivre un parcours, explorer des carrières, participer à des clubs, à des équipes sportives ou à d’autres activités parascolaires, et faire une demande d’admission dans des établissements postsecondaires qui correspondent à leurs objectifs.
À titre d’intervenant·es scolaires, nous aidons les élèves à comprendre les options de parcours et les possibilités qui leur sont offertes. Nous les aidons à prendre soin de leur santé mentale, à assimiler l’information sur les études postsecondaires, à remplir leurs demandes d’admission, à s’orienter dans leurs amitiés et leurs relations; nous écrivons des lettres de recommandation, nous envoyons les notes finales aux collèges et aux universités, et nous aidons chaque élève à dresser son plan d’apprentissage. Nous faisons tout cela, parce que nous sommes avant tout des éducatrices et des éducateurs.
Le mentorat et les conseils sont essentiels à la réussite à tout âge. Les parents sont les premiers adultes et enseignant·es à l’écoute de leurs enfants; ils les guident et les aident à prendre des décisions éclairées. Les parents qui se posent des questions ou qui se font du souci au sujet de l’éducation de leur enfant devraient demander de l’aide et des conseils au personnel scolaire. Cet effort collaboratif entre l’école et le parent ne peut qu’être bénéfique pour l’élève. Les parents ont un intérêt direct dans la santé, le bien-être et la réussite de leurs enfants. À titre d’éducatrices et d’éducateurs et, plus particulièrement, d’intervenant·es scolaires, nous devons communiquer ouvertement avec notre communauté de parents, discuter avec transparence des programmes et des occasions que nous offrons, et être disponibles pour répondre à des questions sur chaque apprenant·e. Ce faisant, nous établissons des ponts entre les parents, les élèves et l’école, et nous instaurons des relations positives avec les élèves et avec notre communauté de parents.
Donc, est-ce le parent délégateur ou le parent microgestionnaire qui vaut le mieux? En vérité, ni l’un ni l’autre n’est idéal. Chaque enfant est unique et réagit à des styles parentaux différents. Dans une famille de deux enfants, l’un peut bénéficier des interventions d’un parent proactif tandis que l’autre réussit sans aide. Nous devons nous rencontrer à mi-chemin pour répondre le mieux possible aux besoins de nos élèves, dont chacun·e est un·e apprenant·e unique et a son propre plan. Ce faisant, nous pouvons épauler les parents des deux types en accompagnant leur enfant avec bienveillance et soutien. N’oublions pas que notre objectif est de former de jeunes adultes autonomes, résilient·es et sociables en les munissant des outils nécessaires pour bâtir leur propre avenir, puis en leur apprenant à se servir de ces outils. Cette tâche est dévolue au parent, à l’enseignant·e et à l’école. Il ne s’agit pas d’utiliser les outils à la place des élèves. Nos élèves méritent de construire, de réfléchir, de changer d’idée, de tout déchirer et recommencer, tandis que leurs parents aimants et leurs enseignant·es à l’écoute les observent d’assez près, mais aussi d’assez loin pour les laisser réaliser tout cela. Ultimement, le parent, l’enseignant·e et l’élève ont tous le même objectif : un avenir prometteur pour nos jeunes! Continuons à travailler ensemble à l’atteindre.
Par : Anna Macri