Summer 2024 - French

Se lancer dans des études postsecondaires

Aider les élèves à trouver leur destination

Le corps enseignant s’y connaît en adieux. Dès que l’élève franchit notre porte – salle de classe ou bureau d’orientation –, nous savons que la relation ne durera pas. Nous accompagnons l’élève pendant une période déterminée dans l’espoir qu’à l’issue d’un processus bien documenté et réglementé, ses horizons s’élargissent. Nous sommes les témoins de sa croissance pendant une partie ou la totalité de ses études secondaires. Nous le préparons, puis il se lance et écrit le chapitre suivant de sa vie.

Ce processus, toutefois, ne va pas de soi. Il s’agit plutôt d’un effort collectif qui repose sur le travail de l’élève, la contribution des parents, l’enseignement dispensé et les conseils de l’intervenant·e scolaire.

L’élève avant tout

Demandez à un·e intervenant·e scolaire ce dont l’élève a besoin pour réussir et on vous dira : résilience, sens de l’initiative, autonomie, persévérance, créativité, ténacité, capacité à atteindre ses objectifs. On vous dira aussi que l’élève doit se montrer réaliste, se connaître suffisamment pour savoir qu’elles sont ses forces et ses faiblesses, et avoir assez confiance pour faire face aux inévitables échecs qui jalonneront la poursuite de ses rêves. Il faut lui rappeler que personne n’est parfait et consolider cette idée. Nombre d’intervenant·es scolaires considèrent ce sens du réalisme, et la maturité qui l’accompagne, comme le pivot de l’évolution de l’élève qui termine ses études secondaires pour entrer au cégep, au collège ou à l’université. Si l’intervenant·e scolaire réussit à nourrir tous ces aspects et si l’élève en reconnaît la valeur dès le début, le chemin vers l’enseignement postsecondaire ne s’en révélera que plus facile.

Commencer tôt

Un flux constant d’encouragements et de réalisme doit commencer dès l’entrée de l’élève au secondaire. Planifier sa destination postsecondaire doit également débuter tôt.

Certes, ce n’est pas une mince affaire. Il est parfois difficile d’amener l’élève à reconnaître ses ambitions scolaires et professionnelles. Toutefois, si, vers le milieu de la dixième année, par exemple, l’intervenant·e scolaire réussit à se faire une idée générale de la direction que l’élève veut prendre – arts, sciences, commerce, métiers – une base de travail s’établit. Dès lors, il sera possible de planifier l’inscription de l’élève aux cours correspondant au parcours postsecondaire anticipé. Par exemple, si l’élève montre un don en mathématiques et qu’un cours facultatif de gestion a suscité son intérêt, on pourra mettre en place les cours de niveau supérieur appropriés pour un parcours en gestion. Cette planification produit deux effets : elle prépare l’élève à une transition en douceur vers le collège ou l’université, ou, au contraire, lui fait prendre conscience que cette voie n’est pas la sienne. Dans les deux cas, l’élève dispose d’informations précieuses pour la suite.

Évaluer la situation

Dès que les décisions commencent à se prendre (au premier ou au deuxième cycle du secondaire), l’intervenant·e scolaire peut lancer un processus d’évaluation. À ce stade, on posera des questions cruciales à l’élève :

  • Quels sont tes centres d’intérêt, tes objectifs?
  • Qu’est-ce que tes résultats antérieurs ou tes notes t’apprennent-ils sur tes forces et tes faiblesses scolaires?
  • Souhaites-tu poursuivre des études collégiales? Universitaires?
  • Vas-tu fréquenter un établissement d’enseignement postsecondaire dans ta ville natale ou tes parents ont-ils les moyens de t’envoyer faire des études ailleurs?
  • Tes objectifs sont-ils réalistes, atteignables?

L’ intervenant·e scolaire explorera ces questions avec l’élève et pourra communiquer avec ses parents pour commenter ces discussions. Une fois ces questions réglées, on procédera à une évaluation pour apporter des modifications ou aller de l’avant.

Déterminer un cursus

Si l’on comprend bien les centres d’intérêt, les objectifs, les forces et les faiblesses de l’élève, le choix d’un parcours postsecondaire devient possible. Bon nombre d’intervenant·es scolaires mettent l’accent sur une approche globale qui présente de multiples options pour atteindre l’objectif fixé. Autrement dit, si l’élève souhaite faire carrière en médecine, il importe d’examiner le large éventail des domaines concernés – soins infirmiers, sciences de la santé, diagnostics, ergothérapie, physiothérapie, etc. –, puis de passer en revue plusieurs programmes de niveau collégial et universitaire conçus pour atteindre les objectifs de l’élève.

Disons-le : c’est à ce stade que les conversations difficiles auront lieu. Prenons un exemple : l’élève manifeste de l’intérêt pour un programme d’ingénierie, mais ses résultats en mathématiques et en sciences laissent à désirer, à tel point que ses chances d’intégrer un programme sont faibles. Il conviendra dès lors d’explorer d’autres solutions. Peut-être faudra-t-il commencer par un programme de niveau collégial axé sur les rudiments de l’ingénierie, suivi d’un programme universitaire, si cela correspond aux ambitions professionnelles de l’élève. L’élève doit se poser les grandes questions suivantes :

  • Pourquoi je choisis un domaine d’études particulier?
  • Le programme reflète-t-il mes intérêts ou est-ce ce que mes pairs, mes parents ou les médias sociaux m’incitent à m’y inscrire?
  • Le domaine d’études est-il en adéquation avec mes points forts?
  • Est-ce que je me vois vraiment dans une profession liée à ce domaine d’études?

Trop souvent, l’élève ressent le besoin d’obtenir des diplômes pour plaire aux autres, diplômes toutefois qui ne correspondent pas à sa nature, comme élève, comme personne. L’intervenant·e scolaire doit insister sur la clarté (pas une clarté parfaite, mais au moins une explication raisonnable) et demander à l’élève de préciser ses perspectives en matière d’études postsecondaires. Il faut aussi souligner la nécessité d’un plan B (voire C ou même D) si l’admission de l’élève dans le programme sélectionné comme premier choix échouait.

Confirmer le choix

Une fois que l’intervenant·e scolaire et l’élève ont évalué la situation et déterminé un parcours approprié, l’étape suivante consiste à confirmer le choix et à commencer à sélectionner les programmes. Cela nécessitera un certain nombre d’allers-retours et peut-être de revenir plusieurs fois sur les questions ci-dessus. L’élève devra entreprendre des recherches sur les programmes et l’intervenant·e scolaire, lui faire des suggestions pour le guider dans la bonne direction. Si l’élève se décourage, l’intervenant·e scolaire devra le pousser dans ses retranchements. Cependant, l’intervenant·e scolaire ne doit pas prendre le contrôle du processus. Le choix revient à l’élève. L’intervenant·e scolaire ne doit pas oublier le volet « orientation » de sa description de poste. Souvent, cela signifie qu’il faut suggérer plusieurs voies pour atteindre un objectif scolaire et professionnel. L’élève et ses parents ressentiront parfois de la frustration s’ils croient que l’intervenant·e scolaire ne fait pas son travail en refusant d’exercer le contrôle, mais si l’élève doit avoir le sentiment de maîtriser ses décisions, les prendre lui incombe.

Aller plus loin

Théoriquement, le choix d’un domaine d’études postsecondaires aura lieu à la fin de la onzième année ou, au moins, au début de la douzième. L’élève pourra alors restreindre sa recherche à des programmes et des établissements précis. Il lui sera utile de participer aux salons des collèges et universités qu’organise son école, son conseil scolaire et les établissements d’enseignement postsecondaires eux-mêmes. L’élève doit également assister aux présentations que coordonne le département d’orientation scolaire. Autrement dit, avec l’encouragement de l’intervenant·e scolaire et de ses parents, l’élève doit s’engager dans une période d’apprentissage par la découverte pour confirmer le domaine d’études de son choix.

Lorsque la recherche se réduit à un programme donné dans plusieurs établissements, on encouragera l’élève à visiter le campus des établissements de son choix pour corroborer sa décision. Certains campus sembleront convenir alors que d’autres, non. Le seul moyen de le savoir, c’est de se rendre sur place.

Mettre l’accent sur le plan B

À ce stade, l’élève se trouve au cœur du processus pluriannuel décrit au début de cet article. Il ou elle a commencé tôt, a procédé aux recherches nécessaires, consulté l’intervenant·e scolaire et ses parents, choisi un programme et plusieurs écoles qui l’intéressent. Les dossiers de candidature sont déposés et l’attente débute. Certains élèves seront admis dans l’établissement de leur premier choix, d’autres non. C’est pourquoi l’intervenant·e scolaire se doit de mettre l’accent sur un plan B dès le départ. En effet, si l’élève n’obtient pas son premier choix, le poids de ce refus pourra lui paraître écrasant. Certes, cela semblera peut-être extrême, mais nous savons toutes et tous que nombre de nos élèves ressentent ces émotions avec intensité. La plupart des intervenant·es scolaires recommandent une réaction stoïque, posée face à un refus. On soulignera les mérites du programme choisi par l’élève sans mettre l’accent sur l’importance d’une école donnée. Au bout du compte, l’élève obtiendra un diplôme dans le domaine d’études de son choix, et c’est là tout l’objectif. Il s’avérera fort à propos de lui rappeler que l’obtention de ce titre – le diplôme – est une grande réussite, quelle que soit l’école fréquentée.

Faire le grand saut

Et voilà, nous sommes en juin, c’est l’année de la remise des diplômes. Tous les efforts déployés au fil des ans sont terminés : les universités et les collèges ont fait leurs offres et l’élève a accepté l’admission dans l’un de leurs programmes, après avoir manifesté, à des degrés divers, la résilience, le sens de l’initiative, l’autonomie, la persévérance, la créativité et la ténacité que l’intervenant·e scolaire a encouragés. Résultat? Une inscription dans un programme satisfaisant pour l’élève qui a fait son travail, tout comme vous. L’objectif est atteint. L’élève s’apprête à faire le grand saut.


Par Sean Dolan

Merci aux intervenant·es scolaires du Dufferin-Peel Catholic District School Board pour leurs idées et leur contribution à la rédaction de cet article.