Le counseling en milieu scolaire gagne en importance. Les personnes qui remplissent cette mission s’occupent non seulement de l’orientation scolaire des élèves, mais également de leur bien-être social et émotionnel. Depuis des décennies, l’on note une augmentation des problèmes de santé mentale chez les jeunes, et la pandémie de COVID-19 a intensifié ce phénomène. Les troubles de santé mentale apparaissent avant l’âge de 18 ans dans 75 pour cent des cas. Cependant, depuis la pandémie, le taux de jeunes se déclarant en bonne santé mentale a connu une baisse très importante. Les jeunes déclarent ainsi un taux de dépression 1,3 fois plus élevé et un taux d’anxiété 1,8 fois plus élevé que les adultes. Ces taux sont encore plus élevés pour les jeunes de genres divers, dont les personnes non binaires. Le statut socioéconomique ainsi que l’intersectionnalité, particulièrement en ce qui concerne les identités basées sur la construction sociale de la race, pèsent également sur la santé mentale.
Une étude réalisée en 2021 par The Lancet a révélé que 75 % des enfants et des jeunes craignent l’avenir. De plus, le taux d’absentéisme est élevé au secondaire, notamment en raison de l’anxiété. En cette période d’incertitude sans précédent marquée par des difficultés économiques, les bouleversements climatiques et des conflits mondiaux, il n’est pas surprenant que les élèves d’aujourd’hui aient plus que jamais besoin de soutien et d’accompagnement.
Dans bien des cas, les conseillères et conseillers en milieu scolaire aident un plus grand nombre d’élèves et abordent des problèmes plus complexes qu’auparavant. Cette situation est exacerbée par le fait que de nombreuses familles sont incapables d’accéder à des services communautaires de santé mentale en raison du sous-financement chronique des soins de santé mentale au Canada. En fait, trois enfants sur quatre ne peuvent pas obtenir de soins de santé mentale au moment opportun parce que ces soins ne sont pas offerts ou ne sont pas couverts par l’assurance maladie publique. En 2020, près d’un quart des hospitalisations d’enfants et de jeunes de 5 à 24 ans concernaient des troubles de santé mentale et, en 2018, le suicide était la principale cause de décès chez les jeunes de 10 à 19 ans au Canada.
Ces statistiques sont effrayantes. Et il y a eu peu de progrès, voire aucun, pour ce qui est de garantir que les jeunes puissent accéder à des programmes communautaires en santé mentale qui sont fondés sur des données probantes, culturellement sécuritaires et adaptés à leurs besoins. Cela comprend des programmes de promotion de la santé et de prévention des troubles de santé mentale; d’intervention précoce; de soutien par les paires et les pairs; de développement autonome des compétences en santé mentale; et d’apprentissage socioémotionnel. Par ailleurs, le lien entre la santé mentale et la réussite scolaire est bien établi, et les interventions en amont représentent le meilleur moyen de favoriser une bonne santé mentale.
La bonne nouvelle, c’est que les choses ont beaucoup avancé à ce chapitre. Les programmes de santé mentale en milieu scolaire se multiplient. Ces programmes établissent clairement que les soins de santé mentale constituent une responsabilité partagée. Ils s’appuient sur des systèmes de soutien et de services à plusieurs niveaux nécessitant la collaboration d’un large éventail de partenaires, notamment des organismes gouvernementaux, des unités de santé publique, des professionnelles et professionnels de la santé mentale et du personnel enseignant. La santé mentale s’intègre également dans les programmes des écoles secondaires du Canada, ce qui contribuera à déstigmatiser les troubles de santé mentale et à donner aux jeunes les connaissances et le vocabulaire dont elles et ils ont besoin pour mieux cerner et exprimer leurs difficultés.
En avril, le gouvernement fédéral s’est engagé à consacrer 500 millions de dollars à un nouveau fonds pour la santé mentale des jeunes. La consultation visant à déterminer les types d’activités susceptibles d’être financées s’est achevée fin juillet et a pris en compte la voix des jeunes. C’est prometteur, mais quelles sont les aides disponibles entre-temps?
Votre rôle à titre de conseillère ou de conseiller en milieu scolaire est certes exigeant, et il est impossible de combler l’ensemble des besoins de chaque personne. Mais vous pouvez tirer parti des ressources en place et les proposer aux élèves que vous épaulez, en fonction de ce que vous savez à leur sujet.
- La Société de la santé mentale sans stigmatisation propose des boîtes à outils à l’intention du personnel enseignant, des conseillères et conseillers en milieu scolaire, des parents et des tutrices et tuteurs ainsi que des élèves. Ces boîtes à outils virtuelles sont adaptées au niveau de scolarité (il y en a une pour les élèves de la 4e à la 7e année et une autre pour les jeunes de la 8e à la 12e année), et comprennent des liens vers des vidéos documentaires, de l’information sur différents sujets liés à la santé mentale, des histoires personnelles et même des plans de cours (s’alignant sur le programme scolaire de la Colombie-Britannique).
- MindYourMind propose des ressources pour se renseigner sur les différents troubles de santé mentale et des outils interactifs pour aider les élèves à faire face à leurs problèmes, à se détendre et à élaborer un plan pour se sentir bien.
- Jack.org, ce sont des jeunes qui parlent aux jeunes, proposent des formations et donnent aux jeunes leaders les moyens de révolutionner la santé mentale partout au Canada. L’on trouve également sur ce site une section Ressources laissant le champ libre à la voix de la jeunesse.
- Au Québec, la Fondation Jeunes en Tête propose des trousses destinées aux jeunes, aux familles et aux écoles. La trousse jeunes comprend des ressources qui aident les ados à mieux comprendre ce qui leur arrive, à trouver de l’aide lorsqu’elles et ils en ont besoin et à s’occuper de leur bien-être au quotidien. La trousse familles offre aux parents et aux tutrices et tuteurs de nombreuses ressources servant à soutenir les jeunes lors de difficultés. La trousse écoles a été élaborée en collaboration avec des spécialistes de premier plan afin d’éduquer les élèves et d’informer le personnel enseignant. Elle est destinée aux adolescentes et adolescents de 12 à 18 ans.
- WalkAlong est une communauté où les jeunes au Canada peuvent explorer leur santé mentale avec leurs paires et pairs. L’on y propose un outil d’évaluation de la santé mentale et des outils pour suivre l’humeur, le sommeil et l’exercice, publier des messages privés et lire ou publier des récits d’expériences vécues.
- Si vous avez des élèves qui profiteraient d’un soutien plus direct pour gérer leurs difficultés, le programme d’accompagnement Retrouver son entrainMC de l’Association canadienne pour la santé mentale peut être une bonne solution. Avec l’aide de personnes-conseils qualifiées, Retrouver son entrainMC enseigne aux jeunes de 15 ans et plus des compétences pour améliorer leur santé mentale; les jeunes travaillent sur les modules de leur choix et un accompagnement leur est offert.
En tant que conseillères et conseillers scolaires, vous jouez un rôle essentiel dans la normalisation des conversations sur la santé mentale, non seulement parmi les élèves, mais aussi parmi les enseignantes et enseignants et les autres membres du personnel de l’école. C’est en parlant de la santé mentale comme de la santé physique – sans stigmatisation, honte ou peur – que nous faisons en sorte que les jeunes d’aujourd’hui s’ouvrent à nous en toute confiance et obtiennent l’aide nécessaire au bon moment. Dans quarante ans, les élèves que vous soutenez seront les leaders de notre société. Nous pouvons leur apprendre à diriger avec compassion, en acceptant de parler des choses difficiles, de manière que toute personne reçoive à temps l’aide dont elle a besoin.
Par : Laura Mousseau, Senior Manager, Content, CMHA National