La tranquillité d’esprit – le refus scolaire

Le refus scolaire (aussi appelé évitement scolaire) est le fait, pour une jeune personne, de faire tout ce qu’elle peut pour éviter d’aller à l’école. L’élève essaie d’éviter l’autobus scolaire, les interactions avec ses pairs, ou un enseignant avec qui il ou elle ne s’entend pas. Certains élèves souffrent d’anxiété de séparation et refusent de sortir de la résidence familiale.

Refus scolaire et phobie de l’école : des synonymes?

Les discussions sur le refus scolaire et la phobie de l’école sont empreintes d’une certaine confusion. Certains spécialistes de la santé mentale utilisent ces deux termes de façon interchangeable, ce qui laisse supposer l’existence d’un continuum allant de l’anxiété légère à la terreur. D’autres établissent une distinction : le refus scolaire toucherait environ 25 % des élèves et la phobie de l’école en affecterait moins de 5 %. Autrement dit, la phobie de l’école est moins courante que le simple fait de refuser d’aller à l’école, et elle est profondément ancrée dans une peur de l’école. Un consensus émerge toutefois quant à un point commun entre ces deux troubles : l’anxiété. Qu’il soit question de refus scolaire ou de phobie de l’école, les élèves qui évitent de se présenter à l’école ressentent une certaine forme d’anxiété. Certains arrivent à exprimer la cause de leur anxiété, mais d’autres se sentent incapables de préciser ce qui les empêche d’aller à l’école.

Les symptômes du refus scolaire

Outre le symptôme le plus évident, soit l’absentéisme de plus ou moins longue durée, voici les symptômes les plus courants du refus scolaire :

• l’expression de réflexions négatives sur l’école ou sur l’idée de fréquenter l’école;
• les questions hypothétiques (« Qu’arrivera-t-il si je n’arrive pas à m’adapter, si j’échoue, si je subis de l’intimidation? »);
• les symptômes physiques tels que les étourdissements, la migraine, la tension musculaire, les problèmes intestinaux, le cœur qui bat la chamade, ou le fait de trembler à l’idée d’aller à l’école;
• des émotions prolongées et extrêmes comme l’exaspération, les crises de colère, l’anxiété, la peur, la gêne, la solitude, la tristesse ou la honte;
• les pensées catastrophiques;
• l’anxiété de séparation;
• le fait de se plaindre constamment;
• l’omission de remettre ses travaux et de faire ses devoirs;
• le fait de s’absenter de certains cours.

Le refus scolaire a également certaines causes courantes :

• une transition – un déménagement, l’entrée à l’école secondaire, le changement entre les vacances d’été et le début d’une nouvelle année scolaire;
• la dynamique familiale – la séparation ou le divorce des parents, les querelles entre frères et sœurs, une maladie mentale, l’alcoolisme ou la toxicomanie, l’instabilité financière, l’insécurité alimentaire, l’itinérance, la maladie ou le décès d’un membre de la famille;
• des problèmes à l’école – l’intimidation, le rejet par les pairs, l’isolement, les troubles d’apprentissage tels que la dyslexie.

Toutes ces caractéristiques sont communes au refus scolaire et à la phobie de l’école. Toutefois, quand le refus scolaire s’aggrave, les professionnels de la santé mentale parlent plutôt de phobie de l’école ou de « scolophobie », soit une peur extrême et irrationnelle de l’école. Dans ce cas, l’intensité du refus scolaire et de la peur de l’école suscitent un sentiment d’impuissance général chez l’élève.

Les traitements

Le domaine de la santé mentale ne propose aucun diagnostic formel du refus scolaire ou de la phobie de l’école. La plupart des professionnels y voient un prolongement ou une variante d’un trouble anxieux. Si une ou un élève est aux prises avec le refus scolaire, vous pourrez mettre en place quelques mesures relativement simples, en consultation avec les parents ou tuteurs de l’élève et l’équipe-école :

• Établissez un plan de retour à l’école en collaboration avec les parents ou tuteurs et l’équipe-école. Ce plan doit répondre aux préoccupations et aux craintes que l’école inspire à l’élève. Assurez-vous que les enseignants sont informés du plan, de sorte que toutes les parties prenantes aient une vision commune de la situation.
• Évaluez le plan sur une base continue. Assurez-vous qu’il fonctionne pour l’élève et apportez les améliorations nécessaires.
• Offrez à l’élève de passer à votre bureau si elle ou il ressent de l’anxiété ou se sent mal à l’aise.

Encouragez l’élève :

• à voir les avantages de l’assiduité scolaire (le développement de relations, la progression vers des objectifs d’avenir comme le travail ou les études supérieures, une meilleure stabilité à la maison);
• à noter ses réflexions et ses impressions dans un journal;
• à pratiquer des stratégies d’adaptation au retour à l’école telles que l’autoréflexion et la pleine conscience.

Qu’en est-il des cas de phobie de l’école?

Si ces stratégies échouent à régler un problème de refus scolaire, l’élève aura peut-être besoin d’un soutien plus intensif en santé mentale. C’est là que nous transitons vers la sphère de la phobie de l’école. Dans ces cas relativement rares, les intervenants scolaires peuvent suggérer les stratégies suivantes :

• Demander un aiguillage en santé mentale au médecin de famille. Les professionnels de la santé mentale peuvent appliquer des techniques telles que la thérapie cognitivo-comportementale (une thérapie verbale qui aide l’élève à faire face à ses pensées nuisibles ou fausses) ou la thérapie d’exposition (qui consiste à traiter la peur de l’école lentement et en toute sécurité, dans un cadre thérapeutique).
• Dans certains cas, par exemple si l’élève a reçu un diagnostic d’anxiété ou de dépression, un traitement médicamenteux pourra l’aider à retrouver une certaine stabilité.

L’empathie

Le refus scolaire est un véritable test de votre sens de l’empathie. Au lieu de tenter de simplifier le problème (« Qu’est-ce qu’on attend de moi? Cet enfant refuse simplement de venir à l’école! »), il importe de comprendre que le refus scolaire est un trouble complexe qui exige de la compréhension et de la compassion. Pour remédier à cette complexité, l’intervenante ou l’intervenant scolaire, de concert avec l’élève et sa famille, cherche la racine du problème (l’anxiété? la peur?) qui empêche l’élève de fréquenter l’école. Sous bien des aspects, le refus scolaire est une réaction normale aux défis de la vie. Si on aide les élèves à relever ces défis, ils pourront en tirer une leçon de vie importante et réintégrer le giron de la communauté scolaire.

Par : Sean Dolan