2023 French Articles Summer 2023 - French

L’heure est venue : aider les femmes autochtones à surmonter les obstacles à la réussite

Malgré les appels lancés depuis longtemps par les Premières Nations, les Métis et les Inuits, ce n’est que tout récemment que le gouvernement du Canada et le grand public ont reconnu que les politiques, pratiques et attitudes historiques équivalaient à un génocide culturel.

Si les efforts d’éradication des occupants originaux de l’Île de la Tortue ont heureusement échoué, ils ont entraîné de profondes conséquences intergénérationnelles. Le chemin est ardu pour les Autochtones, à qui a été légué un lourd héritage : la Loi sur les Indiens, les traités non respectés, le système des réserves, les pensionnats, la rafle des années 1960 et l’horrifiante réalité des femmes et des filles autochtones assassinées et disparues. Ces torts historiques ont détruit de nombreuses vies, et ce sont les femmes autochtones qui ont payé le plus lourd tribut. Tragiquement, le manque de soutien consacré à ces dernières en a mené plusieurs vers des vies marquées par l’abus de drogues, les agressions sexuelles, le trafic sexuel et la violence – et vers la mort.

Les temps changent

Par chance, les temps changent. Les Canadiennes et les Canadiens acceptent leur passé honteux et ont commencé à prendre des mesures pour améliorer la vie et les moyens de subsistance des femmes autochtones – et pas seulement parce qu’ils se sentent coupables, mais surtout parce que c’est la bonne chose à faire. Les travaux de la Commission de vérité et réconciliation ont indubitablement sensibilisé le public à la nécessité d’agir. Actuellement, c’est l’éducation qui est au centre des efforts de réconciliation avec la communauté autochtone, et tous les ordres de gouvernement, les organismes communautaires et les établissements postsecondaires tâchent d’apporter leur contribution.

Pourquoi prioriser les femmes autochtones?

L’héritage tragique laissé par l’approche du Canada à l’égard des Autochtones a créé une structure sociale qui nuit aux chances des personnes des Premières Nations, aux Métis et aux Inuits. Les femmes autochtones sont encore plus susceptibles de se heurter à des obstacles les empêchant de progresser dans la société. Ainsi, elles sont moins nombreuses que leurs homologues non autochtones à poursuivre des études postsecondaires, plus susceptibles d’être sans emploi et de vivre en situation de pauvreté, et plus nombreuses en proportion à être incarcérées. Or cette réalité ne reflète pas les manquements des femmes autochtones, mais plutôt la montagne de défis qui se dresse devant elles. Il faudra des générations pour réparer les dommages, mais les efforts actuels s’attaquent, au moins, à quelques-uns des problèmes.

Que fait-on pour aider les femmes autochtones?

La bonne nouvelle, c’est que beaucoup d’efforts sont déployés pour offrir aux femmes autochtones toutes les chances et les ressources possibles afin de les aider à réussir. De nombreux programmes sont mis en place, tant par des groupes autochtones que par les différents ordres de gouvernement; il suffit de les faire connaître aux femmes autochtones. Voici quelques organisations que devraient connaître les intervenants scolaires qui aident des élèves membres des Premières Nations, métisses et inuites.

Indspire Organisme de bienfaisance national autochtone, Indspire a pour priorité l’éducation des membres des Premières Nations, des Métis et des Inuits. Son objectif est de faire en sorte qu’en l’espace d’une génération, chaque personne autochtone obtienne un diplôme. L’organisme espère y arriver en éliminant les obstacles, en offrant du soutien financier et en inspirant les Autochtones à réussir. Indspire offre divers programmes et ressources documentaires qui visent à aider tous les membres de la communauté autochtone, mais dont une grande partie traite d’enjeux sociaux qui touchent directement les femmes. 

Association des femmes autochtones du Canada D’abord un groupe de défense des intérêts des femmes autochtones, l’Association cherche à améliorer les vies des personnes qu’elle sert sur le plan social, économique et politique. Elle œuvre, entre autres, dans les domaines suivants : travail et emploi, prévention de la violence et sécurité, justice sociale, droits de la personne, environnement, éducation de l’enfance et garde d’enfants. Elle rend également hommage au leadership des aînées avec son Grandmother’s Lodge, un groupe de femmes qui, « collectivement, reconnaît, respecte, promeut, défend et améliore les lois ancestrales, croyances spirituelles, langues et traditions autochtones léguées par le Créateur ».

Esquao Institute for the Advancement of Aboriginal Women Cette organisation à but non lucratif de l’Alberta offre des ressources et des programmes afin d’améliorer les vies des femmes autochtones. Esquao (mot cri signifiant « femme ») fournit toutes sortes de services, du soutien à la santé mentale à l’aide à la formation professionnelle.

Association nationale des sociétés autochtones de financement Réseau regroupant plus de 50 institutions financières autochtones, l’ANSAF ne sera peut-être pas d’intérêt pour les élèves du secondaire, mais elle pourrait le devenir plus tard. Son programme pour les femmes autochtones entrepreneures promeut et octroie des prêts (allant jusqu’à 50 000 $) à des femmes des Premières Nations, métisses et inuites qui veulent se lancer en affaires au Canada.

Bien que l’amélioration de la situation des femmes autochtones soit au cœur du mandat de tous ces groupes, les intervenants scolaires peuvent, avec leurs élèves, cibler les programmes précis qui pourraient les aider à surmonter les obstacles se dressant sur leur parcours scolaire et professionnel.

Bourses

En plus de chercher du financement dans leur propre communauté, les femmes autochtones peuvent avoir accès à des bourses de grandes entreprises et de leur établissement d’enseignement. En voici quelques exemples :

Programme Bâtir un avenir meilleur : Bourses d’études, bourses d’excellence et primes d’Indspire Encore cette formidable organisation! Depuis 1996, Indspire a octroyé près de 200 millions de dollars en bourses à près de 60 000 personnes. Deux choses à retenir de ce programme : d’abord, Indspirecollabore avec des partenaires des gouvernements fédéral et provinciaux et des donateurs (particuliers, établissements postsecondaires, entreprises) pour maintenir de solides réserves financières; ensuite, les personnes intéressées remplissent une seule demande, et Indspire s’occupe de distribuer le financement et le soutien. Le processus de demande est ainsi grandement simplifié. De plus, les bénéficiaires sont libres d’utiliser les fonds à leur guise : frais de scolarité, garde d’enfants, hébergement, etc.

Outil de recherche de bourses pour les Autochtones Ce portail du gouvernement fédéral permet de chercher parmi 500 bourses pour les Autochtones offertes dans tout le pays. Entrez le mot « femmes » dans le moteur de recherche, et vous obtiendrez une douzaine de résultats.

Autres bourses importantes

Les femmes autochtones peuvent aussi présenter une demande pour plusieurs bourses importantes offertes par diverses entreprises et organisations. En voici quelques-unes :

Bourses d’études Horatio Alger sur les réalisations autochtones 50 000 $ séparés en cinq bourses.

Bourse Nelson pour les étudiants autochtones Une bourse de 10 000 $.

Bourse de Husky Energy – Cinq personnes peuvent recevoir 20 000 $ pendant la durée de leurs études.

Bourse d’études Objectif avenir RBC pour jeunes Autochtones Vingt personnes peuvent recevoir jusqu’à 10 000 $ chacune.

Prix de Postes Canada pour les Autochtones aux études 2 000 $ par année pour les lauréats.

Bourse Dreamcatcher Pour les élèves autochtones en Ontario.

Encore une fois, les intervenants scolaires peuvent trouver les bourses les plus pertinentes de concert avec chaque élève. Il serait également judicieux d’explorer les bourses offertes par l’établissement où l’élève souhaite étudier.

Programmes d’apprentissage et métiers spécialisés

Nous savons à quel point les métiers spécialisés ont besoin de travailleurs. Les gouvernements fédéral et provinciaux offrent d’ailleurs de nombreuses mesures incitatives pour tenter de résorber la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Parmi ces mesures, plusieurs visent à faire augmenter le nombre de femmes dans les métiers spécialisés – elles représentent actuellement cinq pour cent des effectifs, dans un secteur où il manque trente pour cent des effectifs nécessaires. Autrement dit, les métiers spécialisés ont besoin des femmes! Ainsi, la combinaison des mesures visant à attirer les femmes vers les métiers spécialisés et de celles visant plus précisément à attirer les femmes autochtones vers des industries telles que la construction fait de ce secteur économique un terreau fertile pour les femmes autochtones. Voici un programme particulièrement intéressant :

Programme national d’apprentissage de l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) En collaboration avec près de 40 organisations de métiers Sceau rouge dans le domaine de la construction et de la fabrication, l’AFAC a concocté un programme convaincant pour recruter les femmes autochtones dans ce secteur. Le programme s’adresse aux élèves du secondaire, aux personnes effectuant un programme de préapprentissage et à celles cherchant à acquérir une nouvelle formation professionnelle. Les personnes participant au programme d’apprentissage ont accès à des ressources d’aide financière et sociale.

Les femmes autochtones peuvent aussi présenter des demandes de participation à des programmes d’apprentissage offerts par les gouvernements provinciaux et des organisations dans le secteur des métiers spécialisés.

Des possibilités

Ces efforts collectifs visent à aider nos élèves autochtones à devenir les femmes remplies d’espoir et de potentiel qu’elles aspirent à être. Les intervenants scolaires sont en position privilégiée pour aider leurs élèves autochtones et, peut-être, avec l’information fournie dans ce court article, travailler avec elles pour trouver encore plus de possibilités.

La communauté autochtone fait figure de proue dans la création de ces possibilités, les différents ordres de gouvernement, le milieu des affaires et le système d’éducation suivant l’exemple des Premières Nations, des Métis et des Inuits. S’il reste un long chemin à parcourir pour redresser les torts subis par les femmes autochtones en raison des actes de discrimination et de suppression, le Canada semble engagé sur la voie de la réconciliation. Avec un esprit de détermination et de persévérance, nous pourrions avancer à plus grandes enjambées encore.

Par : Sean Dolan