2023 French Articles Spring 2023 - French

Du deuil à la tranquillité d’esprit

Le deuil est une réponse naturelle à une perte significative telle que le décès d’un être cher, un divorce dans la famille, ou un déménagement dans un autre quartier, une autre ville ou à l’étranger. Chez les adolescents, le deuil est parfois particulièrement aigu, compte tenu du stade de développement de la jeune personne et des changements physiologiques qu’elle vit. Voilà pourquoi nous avons choisi d’aborder le deuil dans cet article de la série La tranquillité d’esprit.

Les types de deuil

Les intervenants scolaires doivent savoir que les jeunes sont susceptibles de vivre différents types de deuil après une perte :

  • Le deuil normal – Il faudrait peut-être mettre cette expression entre guillemets pour indiquer qu’on ne peut rien discerner de « normal » dans un processus de deuil. Il existe cependant des réactions courantes à une perte sur le plan physique, émotionnel ou comportemental. Lorsqu’une personne semble sur la voie de la guérison et de l’acceptation de sa perte, elle est dans un état de deuil dit normal.
  • Le deuil anticipé – Quand une personne sait qu’un être cher va décéder, ou que sa famille s’apprête à déménager dans une autre ville et qu’elle va laisser ses amis derrière elle, un processus de deuil s’amorce en prévision de cet événement. Le meilleur moyen (et le plus difficile) de faire face au deuil anticipé est de reconnaître sa présence et de célébrer le temps qu’il reste à passer avec la famille et les amis.
  • Le deuil non reconnu – Parfois, la perte semble invalidée par la société. Par exemple, beaucoup de gens vivent un processus de deuil difficile après le décès d’un proche par suicide ou surdose ou après la mort d’un animal familier. Certains membres de leur entourage pourraient émettre des hypothèses (elle était faible, il ne se maîtrisait pas, ce n’est qu’un animal) qui invalident le deuil et isolent la personne endeuillée.
  • Le deuil chronique – Il arrive que le processus de deuil ne produise aucun résultat positif. Un état de deuil chronique qui traîne en longueur ou s’intensifie nécessite souvent une intervention professionnelle.
  • Le deuil traumatique – Une perte soudaine et horrible produit une réponse émotionnelle exacerbée. C’est notamment le cas lorsqu’un parent meurt dans un accident de la route ou qu’un être cher est victime de meurtre. Le cas s’aggrave encore plus lorsqu’une personne est témoin de la mort violente d’un proche. Étant donné la nature complexe du deuil traumatique, il est souvent nécessaire d’obtenir des services professionnels de counseling.
  • Le deuil absent – Parfois, on dirait qu’il n’y a pas de processus de deuil. Cette situation est souvent l’expression d’un choc et d’un déni face à la perte qui est survenue. Un deuil absent de courte durée auquel succède un deuil réel n’est guère préoccupant. En revanche, si le processus de deuil ne s’amorce jamais, il y a vraiment de quoi s’inquiéter.

Il importe aussi de savoir comment le deuil s’exprime. Chez les jeunes, le deuil peut avoir des manifestations

  • émotionnelles :la tristesse, le désespoir, la culpabilité, le soulagement, la colère, le ressentiment;
  • physiques : les troubles gastriques, les changements d’habitudes alimentaires, les perturbations du rythme du sommeil, la tension musculaire, l’épuisement;
  • mentales : la difficulté à se concentrer, les réflexions obsédantes sur l’objet ou la personne perdue, les vaines tentatives d’annuler la perte par un marchandage illogique. La personne peut aussi être tourmentée par des questions inconscientes : Suis-je la cause de cette perte? Est-ce que j’aurais pu l’éviter?;
  • spirituelles : les questions existentielles sur le sens et le but de la vie.

L’aide que peut offrir l’intervenante ou l’intervenant scolaire

Les intervenants scolaires sont souvent les premiers à savoir qu’une ou un élève vit une perte ou la vivra bientôt. Souvent, les parents et tuteurs de l’élève annoncent à l’établissement scolaire qu’un divorce est imminent, qu’un être cher est malade ou décédé, ou qu’un changement dramatique est survenu dans la vie de leur enfant. L’intervenante ou l’intervenant scolaire qui sait ou soupçonne qu’une jeune personne vit un deuil peut lui offrir la possibilité d’exprimer ce qu’elle ressent.

Voici quelques points à garder à l’esprit face à une ou un élève endeuillé :

  • Le deuil se vit différemment d’une personne à l’autre, et aucune forme d’expression du deuil n’est nécessairement préférable à une autre.
  • Le processus de deuil prend du temps, et la personne endeuillée ignore souvent qu’elle a atteint le stade de l’acceptation tant qu’elle n’y est pas arrivée.
  • Il importe que l’élève évite de s’isoler et maintienne ses liens avec ses proches à la maison et avec ses camarades à l’école.
  • Rappelez à l’élève que vous êtes là pour l’aider et que vous serez une ressource fiable au cours de son processus de deuil.
  • Encouragez l’élève à continuer de bien s’alimenter, à poursuivre ses activités et à dormir suffisamment.
  • Apprenez à reconnaître les expressions qui n’aident en rien les élèves endeuillés (« elle est mieux là où elle est maintenant », « tu devrais essayer de pleurer moins », « n’y pense plus ») et à utiliser des expressions utiles (« je compatis à ta peine », « tu sais que je suis là pour t’aider », « je ne peux pas imaginer ce que tu ressens »).

L’empathie et la compassion

Il est inévitable que les intervenants scolaires rencontrent des élèves qui naviguent dans les eaux troubles du deuil. Comme toujours, l’empathie et la compassion sont les principales forces qui permettent de traiter ces cas. Ce faisant, les intervenants scolaires peuvent aider les élèves à reconnaître qu’une perte fait partie des événements de la vie et qu’il reste toujours de l’espoir.

Par : Sean Dolan